
Mia a déjà connu pas mal de galères dans sa vie, et elle est décidée à en finir une bonne fois pour toutes avec ses addictions. Pour réussir à se sevrer de tout, elle demande à son frère David, sa petite amie Natalie et deux amis d'enfance, Olivia et Eric, de l'accompagner dans la cabane familiale perdue au fond des bois. Dans la cabane isolée, les jeunes gens découvrent un étrange autel, et surtout un livre très ancien, dont Eric commet l'erreur de lire un passage à haute voix. Les plus épouvantables des forces vont se déchaîner sur eux...
Rarement un remake aura aussi ingénieusement réussi à sortir de l'ombre du film dont il s'inspire. Plutôt que de jouer la carte de la nostalgie béante, Evil Dead cuvée 2013 met un point d'honneur à remettre en question l'héritage du long-métrage de Sam Raimi, ne retrouvant son décor et son pitch (tous deux inchangés) que pour mieux les amener sur une voie radicalement différente. Autant annoncer la couleur tout de suite : rien ne nous avait préparés à un choc aussi brutal. Marchant main dans la main, le sang (en quantité abondante) et l'émotion (d'une innocence presque paradoxale au vu de la violence de l'ensemble) forment une sarabande infernale emportant tout sur son passage. Balayés les clichés, la psychologie de comptoir et l'horreur bêtement formatée, la terreur endosse l'uniforme de l'intelligence et de l'imprévu. Autant le film de Sam Raimi manquait de personnages forts (abstraction faite du mythique Ash, judicieusement absent de cette nouvelle version), autant la relecture de Fede Alvarez leur accorde une place primordiale. D'où une ½uvre humainement supérieure. Structurée autour d'une héroïne accrocheuse (Mia - Jane Levy -, ex-junkie en voie de rédemption), la production fait la part belle aux relations de groupes tourmentées, les rapports entre les uns et les autres butant sur de nombreux écueils tels la ranc½ur, l'incompréhension et l'abattement, sentiments ombrageux que seul un faisceau de lumière potentielle (la guérison de Mia) pourrait s'avérer en mesure de contrebalancer. Hélas (pour eux, mais pas pour nous), le démon va vite se charger de brouiller les cartes. Le second acte du long-métrage peut alors débuter. Un second acte placé sous le signe de la terreur la plus sourde. Shootés avec une précision chirurgicale - la mise en scène et la photo rivalisent de minutie -, les démembrements, métamorphoses, flagellations et convulsions épileptiques forment l'un des plus beaux carnages que le cinéma d'horreur nous ait offerts récemment. Pour autant, le réalisateur ne tombe pas dans le piège du grand guignol bêtement démonstratif, ménageant quelques pauses de réflexion dont on apprécie la maturité affective et le caractère régénérateur. En d'autres termes, contrairement au film original de Sam Raimi - qui manquait cruellement d'enjeux dramatiques -, le phénomène de lassitude ne pointe jamais le bout de son nez, la peur se nourrissant d'un contexte social à même de décupler son pouvoir - le suppôt du diable met à profit la dépendance de l'héroïne pour mieux alimenter les dissensions au sein du petit clan. C'est donc le c½ur saignant et les sens aux aguets que l'on subit l'ultime déferlante rougeoyante finale, morceau d'anthologie abritant un geyser de gore au fort relent d'apocalypse, une apocalypse qui n'a jamais aussi bien porté son nom. Le démon peut être fier de ses sbires : grâce à leur sens de la nuance et à leur personnalité, Evil Dead propulse la cabane damnée dans une autre dimension.

cine-analyse, Posté le mardi 25 février 2014 08:03
J'ai pas pu regarder plus de 20 min de film